ÉGLISE SAINT-MARTIN DE LOUVIE-JUZON

 

Depuis le Moyen-Âge la Communauté de Louvie-Juzon a assuré la réalisation, l'entretien et la restauration de son église placée sous le patronage de Saint Martin. C'est un évêque dont le culte fut très important à l'époque médiévale et nombreuses sont les églises qui l'ont choisi comme patron notamment sur les voies de pèlerinages; or la Voie d'Ossau est un chemin jacquaire très ancien. Reconstruite ou plutôt agrandie au début du 16° siècle, dans un style gothique flamboyant, typique des églises de la vallée d'Ossau et de la plaine de Nay, elle a remplacé une église plus ancienne, romane vraisemblablement; on a gardé une partie de la tour du clocher avec sa salle basse qui servit longtemps de prison. La large nef terminée par un choeur polygonal est éclairée par trois fenêtres hautes. Les voûtes en croisées d'ogives s'ornent de clés représentant saint Martin avec crosse et mitre, saint Roch protecteur de la peste et des pèlerins et saint Vincent de Saragosse martyrisé sur un grill, dont le culte est attesté dans le village depuis le Moyen-Âge. Le bas-côté nord ouvre sur une ancienne chapelle de confrérie. A la fin du 19° siècle, suite au développement de la population on a agrandi l'église en élevant, symétriquement le bas-côté sud, dédié à la Vierge et à la Sainte Famille.

 

Après la période sombre des guerres de Religion qui ont ravagé le pays et encouragée par son évêque d'Oloron, la Communauté décida de demander à un maître menuisier et architecte, Crespin de Begarie, originaire du village, de réaliser un retable au grand autel, avec décor sculpté et peintures. Il le compléta par deux autels latéraux dédiés à saint Antoine guérisseur et protecteur du bétail et à saint Blaise lui aussi guérisseur et patron des tailleurs de pierre. Le tout fut entouré d'un grand balustre délimitant le choeur, mais que la tourmente révolutionnaire fit disparaître. Au dessus du tabernacle le peintre Jacquinet fut chargé de représenter, selon les préceptes du Concile de Trente issus de la Contre-Réforme, le patron saint Martin ( maintenant remplacé par saint Ambroise) surmonté de la Vierge du Rosaire; elle apparaît debout sur le globe terrestre et le croissant de lune, foulant le démon . A sa droite saint Vincent et à sa gauche sainte Catherine ( roue et palme du martyr) protectrice des mourants et avocate des causes désespérées. Le tout est couronné par le symbole de la Trinité, la colombe apparaissant au centre d'une gloire de rayons or. Ces retables furent dorés en 1727 par le grand maître doreur Martin Caron des ateliers de l'évêché de Lescar. Vers 1720 on installa au dessus de la cuve baptismale un bas-relief de bois polychrome représentant le baptême du Christ.

Dans le courant du 18° siècle on aménagea les boiseries latérales du choeur ainsi que la tribune avec son orgue donné par le Chanoine Espalungue (c'était un membre de la famille qui depuis le Moyen-Âge était patron de l'église). La chaire mise en place au 17° siècle est ornée de quatre panneaux des évangélistes soutenue par la cariatide d'esprit Renaissance, personnage mi-homme, mi-animal, symbolisant peut être l'esprit du mal combattu par la parole déclamée en chaire.

Hélas la période révolutionnaire transforma l'église en Temple de la Raison puis en atelier de salpêtre. Le 19° siècle se consacra donc à la restaurer. Il fallu consolider la tour et abaisser la flèche du clocher endommagés par la foudre et les tremblements de terre. On refit le sol en le couvrant de pierres grises et de dalles funéraires ( anciennes sépultures des familles villageoises inhumées selon la tradition dans l'église même). On fit repeindre les boiseries des retables façon bois. En 1890 enfin, on construisit la façade nèo-gothique pour abriter le porche et l'ancienne Salle Commune, lieu de réunion où siégeaient les Jurats et les représentants des familles; cette salle sera abandonnée et transformée en école et salle de Bienfaisance lors de la construction de la Mairie actuelle.

 

 

En 1980 la Municipalité et l'association des Amis de l'Orgue de Louvie-Juzon entreprenaient la restauration de l'instrument, du buffet et de la tribune, suivie en 2000 de celle des retables et boiseries du choeur ainsi que de l'autel de la Vierge. Saint-Martin de Louvie-Juzon étonne par la préciosité et la richesse de ses sculptures gothiques et de son mobilier peint et doré, exceptionnellement conservés. C'est un des joyaux de l'Ossau, que ses paroissiens ont toujours eu à cœur d'embellir et d'entretenir pour la gloire de Dieu et l'exercice du culte.

PRIEURE SAINT VINCENT DE LOUVIE JUZON

 

 

 

            Il y a quelque temps, certains, ont dû voir à l'entrée du village, en bordure de la route de Pau, un chantier qui procédait à une fouille de sauvetage rendue obligatoire avant la construction de la surface commerciale. On connaît l'existence depuis le Moyen-âge du fief de Saint-Vincent avec implantation, à cet emplacement, du prieuré du même nom. Le culte envers ce martyr de Saragosse, l'un des trois grands martyrs de la chrétienté avec saint Sébastien et saint Laurent et qui a été martyrisé sur un grill comme lui, s'est développé dans le Béarn.

            Il y eut donc une chapelle dédiée à ce saint, dépendant du fief du même nom qui s'étendait entre le village et le gave et qui en défendait peut-être le passage, au quartier Trespoey.

 

            On a retrouvé le tracé complet des murs de la chapelle, assez semblable en dimension à celle d'Assouste ou de Gabas. Elle était longue d'environ 15 mètres sur une largeur de 7 mètres et terminée par une abside semi-circulaire. Des traces de bâtiments annexes ont été mises à jour ainsi que des sépultures. Le culte était assuré par un prébendier(1), prêtre du diocèse d'Oloron, chargé d'assurer quelques messes chaque année.   Mais nous ne savons pas qui fut à l' origine de ce prieuré, un ermite peut-être. On a trouvé même quelques documents archéologiques du second siècle de notre ère. Ce prieuré manqua cependant d'entretien dans le courant du 18° siècle. Laissé à l'abandon à la Révolution il est indiqué comme masure Saint-Vincent sur le plan cadastral de 1836.

            Cependant la paroisse ne perdit pas totalement ses habitudes cultuelles puisque l'on mit en place une croix appelée Croix de Saint-Vincent; c'était d'ailleurs là que se situait dans les temps anciens l'entrée du village, avec la barrière du même nom. Certains d'entre vous se souviennent d'y être allés en procession lors des Rogations.

            Le culte de saint Vincent est donc associé à ce prieuré et à l'église paroissiale puisque nous le voyons aussi représenté sur la clé de voûte à l'église (cachée par l'orgue) et peint sur le retable de l'autel majeur. On y célébrait des messes en son honneur, chaque année.

 

 

Source F Fabre



(1) Prébendier: prêtre auquel on attribue quelques revenus en échange d'un service de quelques messes annuelles