Chapelle Saint-Saturnin de Meyracq


C'est une chapelle un peu isolée sur le territoire, en descendant vers la plaine d'Arudy, dans le hameau de Meyracq. Elle se dresse dans un cadre très bucolique, trapue et construite avec un bel appareillage  de pierre.
Meyracq est cité au XII° siècle dans le For de Morlaàs grâce à la présence de Doat de Meyrac. Elle figure aussi sur la carte de Cassini de la fin du XVIII° siècle.
Elle permettait aux habitants du hameau  de pratiquer leur culte sans avoir à se déplacer vers Sévignacq. Elle avait du être fondée au Moyen-âge par le seigneur et abbé du lieu.
Elle est dédiée à saint Saturnin comme le confirme la plaque gravée, toujours conservée sur un des piliers de  l‘entrée. Cette dédicace atteste l'influence de la voie de pèlerinage qui remontait la vallée d'Ossau. En effet nous trouvons en Ossau trois paroisses, Buzy, Meyracq et Espalungue, sous la protection du grand saint Saturnin, évêque et martyr de Toulouse. De nombreux pèlerins passaient par Toulouse pour prier sur son tombeau  avant de continuer vers Compostelle. Les chanoines de Saint-Augustin, installés dans cette ville avaient  propagé son culte d'autant que c'est à eux que  le Vicomte Gaston IV s'adressa pour assurer l'entretien des  fondations de Mifaget et Gabas.
D'architecture très simple, elle est composée d'une nef, rectangulaire, flanquée d'une chapelle au nord et d'une sacristie au sud. Elle a malheureusement été déclassée et vendue à un particulier comme lieu d'habitation. Elle avait eu longtemps  le même desservant que Saint-Pierre de Sévignacq.
Elle conserve son clocher avec  porche carré et tour à deux étages. Elle est demeurée  entourée de l'ancien cimetière clos d'un mur d'enceinte. Pour y pénétrer il reste encore un grand portail et une petite ouverture sur la gauche par laquelle on accède grâce à deux hautes marches; ce passage étroit permettait aux habitants d'y pénétrer sans avoir à ouvrir le grand portail, mais empêchait l'accès du  bétail. En effet les évêques ont toujours recommandé de barrer les accès des cimetières aux bêtes qui pouvaient être tentées d'y pacager et d'abimer les tombes.
La chapelle possédait deux beaux retables des XVII° et XVIII° siècles, qui furent classés par les Monuments historiques.
Le retable du maitre-autel a été sauvé et déplacé dans une église de Pau. Il s'appuyait contre  la table d'autel rectangulaire dont la  façade était en bois sculpté et doré. Au milieu d'un relief de rinceaux se détache un médaillon représentant le saint patron.
Au dessus on avait disposé un tabernacle retable à trois étages dont la porte représentait un décor d'ostensoir. En fond  sur un tableau peint on reconnaissait une Crucifixion, la Vierge, Madeleine et Saturnin,  entourés de colonnes torses pamprées(1) et d’ailerons de bois doré. Au sommet, des  pots à feu et fleurs, encadraient une  colombe, symbole de l'Esprit-Saint.
La paroisse de Meyracq a vu se succéder de  nombreux  personnages qui furent à la fois seigneurs et abbé-laïcs du lieu. Ils sont  connus et cités,  Bernat d'Abbadie, dès le XIV° siècle, Madeleine de Sainte-Colome en 1547, Joseph de Montesquiou en 1600, Antoine et Nicolas de Monaix, au début du XVII° siècle, Nicolas et Jeanne  de Meyrac aux alentours de 1674, Pascal et Samson de Cassou, fin XVII°.  L'on cite également des descendants du Seigneur de Meyracq, Esponere.
Meyracq serait aussi le lieu d'origine de Christine de Meyracq, héroïne mousquetaire d'un roman du XVII° siècle, qui aurait désarmé le duc d'Aquitaine, le roi d'Aragon et le Vicomte Gaston au cours d'un tournoi au château de Castet avant d'être armée chevalier dans l'église de Bielle.


(1)Colonnes pamprées : colonnes décorées de sculptures représentant des pampres, des chutes de fleurs et fruits, qui s’enroulent autour de la colonne généralement torsadée.

Françoise Fabre-Barrère janvier 2013

Ermitage de Sévignacq

 

Sur le haut du village, sur la crête de la colline, derrière le couvent de Sévignacq on découvre encore les vestiges et quelques murs d'un ermitage, lieu appelé Lermitte, raconte François de Couaraze de Laa, originaire d'Arudy, à la fin du XIX° siècle.

 

 

Un ermitage était en effet sur la colline, au lieu dit Lermitte et figurait sur la carte de Cassini du XVIII° siècle, mais été déjà indiqué comme en ruine. Une pièce de terrain et le quartier environnant évoquent encore cette présence dans les termes Lermitte et lou sendè de l'ermite. Un petit monticule demeure.

 

Des archéologues ont en effet repéré une enceinte fossoyée dite l'Hermitage de 75 m de coté, enchemisant une motte: L'enceinte forme un carré d'environ 75 m. de coté et est bordée d'un talus; au centre on aperçoit une levée de terre effondrée en son milieu.

 

Comment expliquer cette présence?

 

Les archives notariales d'Antoine de Casaveilhe, notaire publiq d'Ossau, attestent que le 11 novembre 1692 Bernard Trescase de Béon, rédige son testament et désire mettre à exécution une résolution qu'il avait faite en 1656, lorsqu'il fut attaqué par la maladie en Espagne. Il s'agissait évidemment de l'épidémie de peste qui sévit à cette époque en Espagne et en Béarn et même dans la région de Toulouse.

 

Il veut donc acheter une terre à Sévignacq, au lieu dit la serre pour implanter un ermitage et une chapelle qui soit visible du village et du hameau. Il veut aussi acheter une cloche et se retirer dans cet ermitage, y finir ses jours et y être enterré. Il souhaite y faire célébrer la fête de Saint- Paul Ermite lors du 15 janvier. Il donne des terres pour permettre à l'avenir à un ermite de jouir de l'ermitage et de faire dire des messes. S'il ne peut le faire avant son décès il donne mission à l'évêque d'Oloron et à Monsieur de Claverie Conseiller du Roi et seigneur de Sévignacq de faire exécuter ses volontés. Il désire faire célébrer des messes pour les âmes du Purgatoire. Les ermites successifs devront sonner la cloche plusieurs fois par jour pour inciter le monde à prier Dieu, le matin, à midi, le soir et minuit, aux matines et pendant les tonnerres.

 

 

Françoise Fabre, d'après les études de Jeanne Soust, de Gabrielle Fabre et J.F Massie