Eglise Saint Justin de Buziet


 

            Le village est fondé depuis 1200 environ, il s'est développé le long d'une voie du chemin jacquaire menant de la vallée d'Ossau au Piémont oloronais. Il était desservi par l'ancien chemin royal d'Oloron. A l'origine c'est un hameau de Buzy. Il a vécu des activités liées à l'élevage et a compté nombre de crestadous qui partaient travailler à l'étranger.

            L'église actuelle a remplacé la gleise bielhe implantée dans la partie la plus ancienne du village. Elle date du début du XVIII° siècle et aurait été fondée du temps de l'épiscopat de Joseph de Révol. Elle est composée d'une nef rectangulaire à chevet plat et d'un collatéral nord. Elle est prolongée à l'ouest par une imposante tour-clocher, surmonté d'une flèche d'ardoise. Elle abrite le porche d'entrée.

            L'église est dotée d'un mobilier remarquable de bois polychromé et doré, bel ensemble de style baroque, dont les deux autels s'appuient respectivement sur le fond plat de l'abside et du collatéral.       

           

 

Un retable tripartite au dessus du maitre-autel présente une certaine unité mais il a du faire l'objet de deux campagnes de travaux. Des parties anciennes, colonnes torses à pampres, statues de saint Pierre et de saint Paul, considérés comme les deux piliers de l'église, soutenues par des consoles décorées de splendides aigles, buste de Dieu le Père bénissant entouré d'angelots, les statuettes des deux Saint-Jean, ont été replacés dans l'ensemble tripartite des panneaux qui recouvrent le fond de l'abside. Le retable présente en son centre une peinture du Sacré-Cœur, dévotion du XIX° siècle, qui a du remplacer une œuvre plus ancienne, peut-être une crucifixion ou la représentation du saint patron comme on le voit traditionnellement dans les églises de la région. Au dessus est placée la statue du patron, l'évêque Justin. Sur les cotés du retable, deux croix de procession et deux bannières de confréries.

            Le tabernacle est à deux niveaux avec une balustrade centrale. La porte est décorée d'un ostensoir curieusement surmonté d'une tête d'aigle qui est semble-t-il un rajout. Sur les panneaux latéraux on reconnait l'Annonciation. Sur le deuxième étage, au niveau du ciborium on a placé un crucifix. Diverses statuettes et un ensemble de six grands chandeliers de bois doré complètent le décor et l'éclairent.

Le collatéral conserve aussi un beau retable dédié à saint Roch, protecteur de la peste. C'est une œuvre baroque en bois peint, façon marbre. Il présente deux niveaux d'élévation, rythmés de colonnes torses couvertes de pampres et bordé d'ailerons à feuillages. Au centre on a représenté sur une toile saint Roch en pèlerin. Son chien à ses pieds il semble marcher, enveloppé dans un grand manteau rouge et s'appuie sur le bâton de pèlerin. On peut imaginer que les pèlerins devaient aimer venir le prier. Ce tableau est signé, c'est l'œuvre du peintre oloronais Ribere, il est daté de 1758. Deux statues l'encadrent, l'une de saint Roch, qui devait être placé à l'origine en partie supérieure, et l'autre de saint Léon évêque, grand patron de Bayonne. Par contre une statue de saint Joseph trône au sommet. Elle est manifestement trop grande pour sa niche, mais a du être déplacée là pour attester du culte de Joseph au XIX° siècle. L'église conserve toujours la chaire à décor de panneaux avec son abat-voix. La vieille cuve baptismale, de grande taille, a également été replacée ici. L'église est éclairée par des vitraux de la fin du XIX° siècle, que l'on doit au maitre verrier Dagrand, de Bordeaux.

            Tout près de l'église le Mémorial des Guérilleros de la 10° brigade a été érigé en 1999, rappelant le dévouement des réfugiés espagnols et des Maquis de l'Ossau, pris en tenaille le 17 juillet 1944 dans une maison du village et massacrés.

Source F Fabre