Église Saint-Sylvestre de Sainte-Colome

 

Le nom de Sainte Colome renvoie à Ste Colombe qui, avec St Sylvestre est la patronne de l’église. Les deux saints ont leur fête le 31 décembre. Ste Colombe est née au 3ème siècle en Espagne dans une famille royale païenne. Elle a quitté sa famille pour se convertir au christianisme à l’âge de 16 ans. Comme les pèlerins qui vont à Compostelle, elle a parcouru un long chemin pour trouver la lumière. En effet, elle a traversé le Béarn, les Landes, le Bordelais et a atteint Vienne dans le Dauphiné, où elle a reçu le baptême. Poursuivant sa longue route, elle a atteint Sens où se trouvait une importante communauté chrétienne. Elle y a subi le martyre en 274.

Saint Sylvestre est un Romain qui, dans sa jeunesse, a hébergé un jeune chrétien, Thimothée, lequel devait être décapité, sur ordre du préfet Turquinius. Arrêté par Turquinius, Sylvestre refuse de lui livrer les biens de Timothée et de renier sa foi chrétienne. Plus tard, Sylvestre a été de 314 à 335, le 33ème pape. C’est sous son pontificat que l’empereur Constantin se convertit au christianisme et que se tient, en 325, le Concile de Nicée qui rejeta l’hérésie d’Arius. SelonArius , le Christ est une créature de Dieu alors que le Concile affirme que le christ est engendré et non créé.

Les seigneurs du village prirent pour armes un écusson à trois colombes que l'on retrouve à l'ancienne abbaye laïque, dans la clé de voute de la nef et sur l'écusson du portail de l'église. Son architecture appartient au gothique flamboyant; elle est un des plus beaux exemples des églises qui ont couvert la vallée d'Ossau et la plaine de Nay dans la première partie du XVI° siècle. La nef exécutée vers 1520 est pratiquement contemporaine de celle de l'église d'Arudy. Le bâtiment actuel vaste édifice avec abside polygonale profonde et nef de trois travées, construit en moellons de calcaire d'Arudy et en gré, est classé à l'Inventaire des Monuments Historiques; il a remplacé au XVI° siècle une construction plus ancienne et moins importante. Elle frappe par sa monumentalité, la chute des grandes toitures, la robustesse des contreforts et l'élégance des grandes fenêtres à meneaux. Des vitraux mis en place au XIX° siècle colorent ces ouvertures représentant sous de belles architectures néo-gothiques des saints protecteurs, Saint Sylvestre et Sainte Colombe, Saint Jean-Baptiste, Saint Michel,   Pierre et Paul, et Saint Grat.

         Dans l'abside un tabernacle œuvre d'Artigacave de 1725 s'élève sur trois niveaux au dessus d'un gradin, rythmé de colonnes, de panneaux historiés, d'anges et de volutes. Il est en bois doré et la porte du tabernacle figure le Christ de pitié; quant aux ailes elles représentent des scènes de la passion, encadrées par deux statuettes des évêques Saint Sylvestre et Saint Grat. Des anges cariatides et des statuettes des évangélistes supportent l'étage d'exposition lui-même surmonté du Christ ressuscité et triomphant. Les boiseries latérales de 1758 sont l'œuvre de Fondeyre de Meyracq .La sacristie du XVII° siècle est décorée d'une porte avec arc en accolade surmonté d'un fleuron et de choux frisés. Elle servit de modèle pour la réalisation de celle de Saint-Pierre de Laruns édifiée peu de temps après.

            Un Christ en croix du XVII° siècle est placé au dessus de l'ancienne tribune des chantres. D'autres sculpteurs ossalois J. Courrèges Saruilhe, Bradyne d'Iseste, Coudure, Butay et Ribere exécutèrent les confessionnaux, le lutrin, les tribunes, la balustrade et la chaire.

           Au nord accolée à la sacristie, la chapelle de Saint Fabien et Saint Sébastien protecteurs de la peste. Belle voute ornée d'une clé représentant Marie-Madeleine, considérée comme protectrice des pèlerins. Elle est ici sur le chemin jacquaire de l'Ossau. La seconde chapelle septentrionale, construite en 1655 est dédiée à la Présentation de Notre Dame, édifiée en remerciement et en hommage à la protection mariale face à la peste; retable du à Jean Porte en 1659. Tableau de l'Assomption de Fidel Gudin. Un panneau de bois en plate-bosse, polychromé, surmontant la cuve baptismale représente le baptême du Christ.

            La chapelle méridionale dédiée à Saint-Joseph, est ornée d'une belle voute de nervures en liernes et tiercerons appuyant sur une clé représentant la Trinité. Le retable est encore l'œuvre d'Artigacave en 1714. Deux confréries en l'honneur du Saint-sacrement et de Saint Joseph y avaient leur siège depuis le XVII° siècle.

L’église possède un remarquable bénitier de pierre, tout en hauteur

-          Dans la partie basse, un visage de femme aux traits simplifiés, rappelle celui de la vierge de Sarrance

-          Dans la partie médiane, un évasement en forme de coquille St Jacques rappelle l’appartenance de l’église aux chemins de St Jacques

-          Dans la partie supérieure un cœur représente l’être intérieur, cet être que les pèlerins apprennent à connaître lors de leur longue marche. Dans la Bible il est écrit dans 1Sam 16,7 « Les hommes voient ce qui leur saute aux yeux, mais le Seigneur voit le cœur ». Le cœur sculpté dans le bénitier se trouve au centre d’un carré remémorant le plan de la Jérusalem céleste de l’Apocalypse de St Jean en 21,16.

            Accolé au bâtiment la tour massive du clocher à deux étages, qui date du XV° siècle, s'élève à l'ouest. On y pénètre par un escalier extérieur. Le réez de chaussée servait de prison. Le parvis de l'église actuellement dégagé abrite un porche profond avec un portail en accolade, un des plus beaux du Béarn: piédroits gothiques, arc surbaissé décoré d'un ange, niche au dais vouté en ogives abritant une Vierge. Deux angelots soutiennent un écusson de trois colombes. Le tout coiffé d'un élégant arc en accolade agrémenté de pinacles et choux aux amples nervures frisées. Les surfaces planes du portail sont enrichies de décors à remplages et une corniche festonnée surmonte l'ensemble. Le tout s'inscrit dans un rectangle bordé de pinacles très finement ciselés.

Le village de Sainte Colome conserve bon nombre de maisons anciennes ayant conservé leurs fenêtres à meneaux de pierre et dont certains marteaux de portes ont des coquilles St Jacques.

 

Source : F Fabre et M Berneteix